La boucle est bouclée. Il est temps pour le Chant du Cygne, hélas, d’entrer dans une phase d’hibernation à durée indéterminée. Que se passe-t-il ? Où sont les belles promesses du premier jour ? Je crois qu’elles ont été tenues.
Commençons par les raisons. Elles sont de nature fiscale, vulgaires, pragmatiques. Tout part d’un évènement heureux. Le fondateur de la maison d’édition (votre serviteur) s’en va vivre au Royaume-Uni à la suite d’une belle opportunité professionnelle. On programme les déménageurs, entreprend les formalités d’obtention du visa, puis des conseillers financiers s’intéressent à la situation. Problème : ils soulèvent qu’un chef d’entreprise (individu possédant 100 % des parts d’une société) s’installant à l’étranger s’assujettit à l’exit tax, exilé fiscal potentiel qu’il est.
À cela s’ajoute un certain nombre d’incertitudes sur la possibilité matérielle de continuer le travail d’édition de l’étranger. Quel temps libre restera-t-il après la nouvelle prise de fonctions ? Sera-t-il matériellement possible de participer régulièrement à des salons ? L’absence de réponse à ces questions conduisait les futurs auteurs potentiels de la maison (auxquels la transparence restait due) à retirer leurs soumissions. Je le comprends volontiers.
La conclusion s’imposait. À l’heure actuelle, les conditions ne sont plus réunies pour continuer ce projet sereinement.
L’heure du bilan
Faut-il pour autant pleurer sur ses cendres ? Reconnaissons en premier lieu que le Chant du Cygne pesait bien peu. Le monde du livre remarquera à peine son absence, nous n’existions d’ailleurs qu’à sa marge. Peut-être nos quelques lecteurs nous regretteront-ils, mais n’y a-t-il pas davantage de joie à se remémorer ce que nous avons partagé ?
La maison d’édition est parvenue à faire exactement ce qu’elle avait entrepris, c’est assez rare pour être souligné. Quatre petits projets seulement, tous réalisés avec soin, et qui n’auraient sans doute jamais vu le jour autrement : trop niches, trop volumineux, trop cabossés sans doute. Parfois adorés, parfois détestés. Pas viables commercialement. Et pourtant, par leur simple existence ils ont ajouté un peu à la beauté du monde.
Bien sûr que cela en valait la peine.
Et maintenant ?
L’heure est venue pour le rideau de tomber. Le site reste en ligne, mais nous serons bientôt dans l’incapacité de recevoir des paiements, d’imprimer de nouveaux exemplaires, etc. C’est donc le moment-ou-peut-être-jamais d’obtenir des exemplaires papier de nos romans.
Pour le reste, arrêter d’éditer sera peut-être l’occasion de recommencer à écrire.
Merci à celles et ceux qui nous ont accompagnés dans cette aventure. Gageons que les routes de chacun se recroiseront en d’autres lieux et d’autres temps.