Les secrets de Gestalt

Cher lecteur, chère lectrice,

Pour commencer, je vous suis infiniment reconnaissant d’avoir lu Gestalt jusqu’à la dernière page ! J’espère que le roman aura su vous questionner et vous stimuler intellectuellement. Le livre a été pensé à l’origine pour regorger de détails qui récompenseront le lecteur attentif. Toutes les réponses ne sont pas fournies sur un plateau, et d’après mes estimations deux lectures sont nécessaires pour découvrir l’ensemble des tenants et aboutissants. Bien sûr, tous les lecteurs n’en auront pas le temps – sans doute aussi certains n’aimeront pas assez l’ouvrage pour décider de s’y replonger une nouvelle fois. Cette page a donc été créée pour apporter explicitement des clarifications aux mystères qui pourraient subsister.

Attention, les paragraphes qui suivent constituent des spoilers !

Le sort de Siegfried

On sait très tôt que Siegfried mourra sur l’épée de son ami. Malheureusement, les circonstances de la scène demeurent floues après son déroulement et il faut attendre Le Bal de la Bête (Partie II) pour entendre le récit du seul témoin de la scène, Ragnar.

Celui-ci, ivre et sous sa fausse identité de garde royal (Rock) pénètre dans la cellule de Midas et lui raconte son histoire (page 235) : son ami a été « éraflé [au visage] par une flèche enduite de poison » mortel et il n’a eu d’autre choix que de mettre fin à ses souffrances. Il s’agit du même poison que le geôlier utilise pour torturer Midas, ce qui explique la réaction particulièrement émotive de Ragnar lorsqu’il découvre la fiole.

Dans Le Cœur des Innocents (Partie I), page 128, on voit Oswald mettre un flacon du même produit dans sa besace. Deux pages plus tôt, il se remémore la dernière flèche tirée dans le val aux jonquilles. En recollant tous les morceaux ensemble, on comprend que Siegfried a été touché par la flèche empoisonnée d’Oswald. On est alors tenté de disculper totalement Ragnar de cette tragédie, mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Une scène des Écailles de Lumière (Partie I), page 54, montre une chamaillerie en apparence innocente entre Ragnar et Siegfried à propos du casque en forme de tête de lion porté par ce dernier. Ragnar le confisque pour des raisons esthétiques. Que se serait-il passé si, comme il le demande (toujours page 235), il « lui [avait] laissé son fichu casque » ? On peut imaginer que la flèche aurait ricoché dessus. Cela explique que Ragnar, après son départ du groupe, ait conservé ledit casque en guise de mémento de sa culpabilité.

L’héritage de Cinder

Plusieurs indices sont disséminés au fil du récit au sujet des origines de Cinder et de ses cristaux. Page 110, on apprend qu’elle ne connaît pas ses parents et que son père est réputé être un « démon ». Dans Les Écailles Noires (page 210), Grimm lui demande en outre lequel de ses parents possédait « du sang de dragon ». Il n’y a qu’un autre personnage dans le récit pour lequel cette expression est utilisée : Elizabeth (Le Bal de la Bête (Partie I), page 69). Dans le même flashback, page 71, on entraperçoit l’enfant de Midas et Elizabeth, qui s’avère être Cinder.

Ce sang de dragon explique, outre les écailles, la résistance au feu surnaturelle de la guerrière.

Le destin de Wolfgang

Les Anges font à plusieurs reprises référence au destin de Wolfgang (page 212). On comprend dans Les Écailles Noires que les Anges accompagnent Wolfgang depuis toujours afin de lui permettre de réaliser son potentiel. La nature de cette destinée n’est jamais révélée, car Wolfgang fait le choix de sauver Cinder à la place, ce qui le conduit à être capturé par Grimm. Il s’agit donc d’un futur alternatif qui n’advient jamais.

L’alibi de Ragnar

Dame Mimoza révèle dans Au Pays des Aveugles (Partie III) que le voyage du groupe de Cinder n’a qu’un seul but : permettre à Ragnar de se trouver là où il doit être. Son destin est de devenir ce « régicide » vu par Spacht (page 95). Mimoza va jusqu’à révéler le trépas de Siegfried à Cinder afin de faire en sorte qu’elle ne se mette pas en travers de la route de Ragnar au moment où il quitte le groupe (page 57). Le chevalier entame une vendetta qui le conduit dans la capitale après avoir saccagé le village natal d’Oswald. Pour retrouver le mercenaire, puis en l’attendant, il devient garde et gravit les échelons. Cela lui permet à terme de se retrouver à proximité du monarque (page 316) et de réaliser sa prophétie.

Les lecteurs les plus attentifs noteront cependant une incohérence temporelle dans cet arc du récit. Dans Lequel de nous deux (Partie II), Ragnar explique par le menu détail comment il est parvenu à retrouver la demeure de Zil. Par la suite, quand le Capitaine et lui rentrent à la caserne, ils découvrent que Midas s’est échappé (page 255). On sait par ailleurs que c’est Ragnar qui a ouvert la porte de sa prison et qu’il a dû se débarrasser du cadavre du geôlier juste après. Sauf à se démultiplier, il semble donc impossible que Ragnar ait pu faire les deux choses en même temps.

Le point de vue de Ragnar n’étant adopté que très brièvement dans Gestalt, il n’était pas possible de fournir d’explication à ce paradoxe au fil du récit. En réalité, Ragnar a découvert la cachette de Zil plus tôt et choisit de l’arrêter à ce moment précis pour qu’elle lui serve d’alibi : ramener la voleuse aurait justement prouvé qu’il avait enquêté toute la journée pour la débusquer. L’arrivée du Capitaine au même moment bouscule ses plans, mais ne les change pas significativement. Le départ du Capitaine lui permet ensuite de prendre temporairement le commandement de la garde.

Quant à savoir s’il s’agit d’un stratagème murement préparé ou de la capacité d’improvisation hors-normes de Ragnar, nul n’est en mesure de trancher.


Voila qui devrait couvrir la majorité des interrogations à l’issue de la lecture. Encore une fois, merci mille fois d’avoir pris le temps de lire le roman, et n’hésitez pas à envoyer toute question que je n’aurais pas traitée au Chant du Cygne !

Ivan Kwiatkowski

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